Archives de catégorie : Oecuménisme

Le rapport de la CDPC sur le Baptême

Les deux aumôniers de l’AFI-CH, le pasteur Jean-Baptiste LIPP et l’abbé Vincent LAFARGUE, participent à la Commission de Dialogue Protestants-Catholiques (CDPC), cercle d’experts mandaté bilatéralement par la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS) et la Conférence des Evêques de Suisse (CES) pour plancher sur divers sujets sensibles de l’oecuménisme.

La commission a travaillé dernièrement sur le baptême, notamment sur sa reconnaissance mutuelle par nos Eglises en Suisse.

Après plusieurs années de travail, voici l’intéressant rapport qui vient d’être publié :

Rapport CDPC sur le Baptême

Bonne lecture ! Et surtout, plaise à Dieu qu’il serve, ce rapport !

AFI-CH

Aumôniers et enseignants

JBL Givisiez

Photo DR : Jean-Baptiste Lipp devant une partie des futurs agents pastoraux catholiques de Suisse Romande

Le 29 avril dernier, les deux aumôniers de l’AFI-CH – le pasteur Jean-Baptiste Lipp et l’abbé Vincent Lafargue – se sont rendus à la maison des séminaires à Givisiez (FR) pour la première édition d’une formation appelée à se renouveler.

En effet, douloureusement conscients du manque de formation oecuménique des jeunes agents pastoraux – notamment d’une sensibilisation à la question des Foyers Mixtes – nos deux aumôniers ont pris le taureau par les cornes et proposé aux formateurs de prêtres et d’agents pastoraux de venir rencontrer les candidats de dernière année pour un après-midi d’échange.

Un programme varié

Au programme de cet après-midi vécu face à une petite dizaine de futurs engagés catholiques : témoignage de Jean-Baptiste sur son expérience personnelle de Foyer Mixte vécu au quotidien avec son épouse Dominique, témoignage de Vincent sur l’oeucménisme au quotidien possible dans les paroisses, présentation de divers documents – notamment les travaux des diocèses de Sion, de l’abbaye de St Maurice et du diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg en termes d’oecuménisme ces dernières années, discussion autour du tout neuf élargissement de la reconnaissance du baptême en Suisse, petit quiz oecuménique pour terminer dans la bonne humeur.

L’échange qui a terminé l’après-midi fut riche et très encourageant pour une future édition de ce temps de formation qui aura lieu en automne.

Nous appelons de nos voeux l’office protestant de formation à imiter le CIFT catholique et à proposer cette formation pour les futurs pasteurs, diacres et personnes engagées en pastorale.

AFI-CH

 

 L’oecuménisme change d’évêque !

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Photo DR : Mgr Denis Theurillat, (c) Conférence des Evêques Suisses
Brève bio (tirée du site de la CES) : Né à Epauvilliers, dans le Jura, le 21 septembre 1950, Denis Theurillat fait ses études au collège de St-Maurice puis à l’Université de Fribourg, où il obtient une licence en théologie en 1975. Il est ordonné prêtre l’année suivante et nommé vicaire successivement à Bassecourt (1976-1980) et St-Imier (1980-1983). Curé de la paroisse de Malleray-Bévilard de 1985 à 1997, il est nommé vicaire épiscopal pour la partie francophone du diocèse de Bâle en 1997. Désigné évêque auxiliaire de Bâle le 17 avril 2000, il reçoit la consécration épiscopale par Mgr Kurt Koch le 22 juin 2000. Il est membre du présidium de la CES depuis 2011.

Un nouvel évêque pour les foyers mixtes

Depuis ce printemps 2014, Mgr Denis – comme l’appellent familièrement ses proches – est l’évêque délégué au dialogue oecuménique, remplaçant à cette charge Mgr Charles Morerod que le comité de l’AFI-CH avait rencontré l’automne dernier.
L’AFI-CH se réjouit de cette nomination : jovial et ouvert, Mgr Theurillat saura poursuivre le dialogue, nous en sommes certains, et nous faire avancer sur le chemin de l’unité.
Nous souhaitons à notre nouvel interlocuteur beaucoup de coeur à l’ouvrage, et nous espérons le rencontrer bientôt pour continuer ensemble le chemin, à la suite de celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie (Jn 14,6).
Pour l’AFI-CH : Abbé Vincent Lafargue

 Nouvelle reconnaissance mutuelle du Baptême

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Photo DR : Lundi de Pâques, 21 avril 2014. Dans le baptistère de Riva San Vitale, Tessin.
(article repris de www.dialogueoecumenique.eerv.ch)

40 ans après la reconnaissance mutuelle du baptême entre l’Eglise catholique romaine, l’Eglise catholique-chrétienne et la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, trois autres Eglises ont signé la reconnaissance mutuelle du baptême à Riva San Vitale dans le plus ancien baptistère chrétien de Suisse. Il s’agit de la Fédération d’Eglises évangéliques Luthériennes de Suisse, de l’Eglise évangélique méthodiste de Suisse et l’Eglise anglicane en Suisse.

« Les Eglises signalent ainsi qu’elles sont liées en une communauté dans l’Eglise une de Dieu. C’est un témoignage fort en faveur de l’unité de l’Eglise et un signal clair montrant au monde qu’elles veulent proclamer l’Evangile ensemble en paroles et en actes ». C’est par ces mots que la pasteure Rita Famos, présidente de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes de Suisse (CTEC) a souligné l’importance de cette signature officielle de reconnaissance mutuelle du baptême.

Des étapes sur le chemin de l’unité

Le 17 juillet 1973 a été signée la première reconnaissance mutuelle du baptême en Suisse entre les trois Eglises nationales. En 2005 avec l’adoption de la Charta Oecumenica, les Eglises se sont engagées à travailler pour un élargissement de la reconnaissance du baptême. C’est dans ce but qu’en 2010 une commission a été chargée d’élaborer un nouveau document.

Par cette signature, les Eglises partagent une compréhension commune du baptême et s’engagent à ne pas rebaptiser des personnes qui changent d’Eglise. Le document a été signé au nom de leur Eglise par les personnes suivantes: Mgr Charles Morerod, pour la Conférence des évêques suisses; le pasteur Gottfried Wilhelm Locher, président du Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse; l’évêque Harald Rein, Eglise catholique-chrétienne de Suisse; Elisabeth Benn, présidente de la Fédération des Eglises évangéliques-luthériennes de Suisse et de la Principauté du Liechtenstein; Le chanoine Peter M. Potter, Archidiacre de l’Eglise anglicane en Suisse, et l’évêque Patrick Streiff, de l’Eglise évangélique méthodiste en Suisse.

Un soutien mais pas de signature

L’Armée du Salut, qui ne célèbre pas de baptême, et l’Alliance des communautés baptistes, qui ne connaît pas le baptême des enfants, ont expliqué leur position dans un annexe au texte. Les Eglises orthodoxes en Suisse ont participé à l’élaboration du document, mais elles ne l’ont pas signé le texte pour des raisons de droit ecclésiastique.

> PDF : Brochure-Reconnaissance-Riva-San-Vitale

> PDF : Brochure-culte-Riva-SAn-Vitale

icôneTout le bruit de ma vie
et tout l’acier des mots
sur la meule du cœur
s’éloignent
et le Nom
que je ne sais nommer
me nomme…
Le mort sortit
enveloppé de bandelettes
Olivier Clément

***

Cette année 2014,

par la grâce de Dieu,

à qui sont soumis les temps et les moments,

tous les Chrétiens fêtent Pâques en même temps.

Ce qui ne veut pas dire encore,

ENSEMBLE !

Notre espérance demeure

et la lumière de la Résurrection brille en nous

comme dans des vases d’argile.

Nous vous souhaitons des fêtes pascales pleines

de joie, de lumière et de confiance dans la puissance du Ressuscité.

Noël et Monique Ruffieux

 

Verre d’eau ou cocktail ?

UNE CONTRIBUTION “SHAKER” AU DIALOGUE OECUMÉNIQUE

Il y a l’oecuménisme de (grand)-papa, dont on dit qu’il traverse un hiver glacial, et l’oecuménisme des jeunes d’aujourd’hui, dont j’aime à rappeler la vitalité.

Le premier ressemble à un banal verre d’eau, le second à un étonnant cocktail de fruits.

Je m’explique. Lors du premier mouvement de l’oecuménisme, celui dans lequel s’inscrivent la plupart des initiatives prises pendant le XXe siècle, notamment depuis les années 70, on cherchait l’unité par un mouvement qui faisait disparaître les différences. Comme une équipes de scientifiques rechercherait l’eau pure, l’absolue transparence, la totale absence de goût parasite, les Eglises ont gommé tour à tour toutes leurs spécificités pour se fondre de manière toujours plus parfaite les unes dans les autres.

C’est l’époque où l’on a “épuré” tous nos rituels oecuméniques : il ne fallait pas dire tel ou tel mot, cela offenserait les catholiques, il ne fallait pas faire tel ou tel geste, tel ou tel signe, éviter tel ou tel objet, cela choquerait à coup sûr les frères et soeurs de la Réforme. Il fallait célébrer, bien évidemment, en blanc et sans aucun autre signe distinctif.

Nous sommes au XXIe siècle, n’en déplaise à certains. Et la théorie du verre d’eau a du plomb dans l’aile. Nous savons aujourd’hui que le mouvement oecuménique se nourrit des différences de l’autre et qu’il gagne à ne pas les gommer, mais au contraire à les connaître, à les découvrir, à se laisser interroger par elles, à les admirer. Cela me fait penser à un cocktail multicolore. Ces ensembles fruités que l’on nous fait goûter en nous mettant au défi de retrouver tous les ingrédients qui ont formé ce bel ensemble, cette belle unité de goûts si différents, au départ.

Une célébration oecuménique, aujourd’hui, peut être présidée par un prêtre à étole colorée, par un pasteur en robe noire. On peut faire un signe de croix au début, un geste de bénédiction à la fin, y écouter une véritable prédication réformée, y inclure une prière d’illumination, et se laisser rejoindre par tant d’autres de nos spécificités.

Il me semble tellement plus intéressant de goûter à tous ces fruits avec la jubilation des bons vivants qui savourent les différences, plutôt que d’avaler un verre d’eau avec l’air un peu pincé et la tête penchée de celles et ceux qui semblent nous dire “c’est bien mais ce n’est pas encore ça”…

En somme, dans le verset-phare de l’oecuménisme “Que tous soient un” (Jean 17,21a), à force d’accentuer le mot “un”, on a fini par oublier peu à peu le mot “tous”…

Alors à nos cocktails ! Et n’oublions pas de secouer un peu, ça mélange…

Abbé Vincent Lafargue

7e rencontre francophone – Lyon 2014

la 7ème rencontre francophone des Foyers Mixtes aura lieu à LYON les 1 et 2 février 2014 sur le thème :

1 seule Église, 2 confessions : Quelle vocation pour les Foyers Mixtes ?

Comment aider les Foyers Mixtes à trouver des chemins de convergence respectueux de leur identité ?

Le programme de la rencontre

Cette rencontre est organisée par l’Association Lyonnaise des Foyers Mixtes sous forme d’ateliers participatifs et d’échanges, par l’équipe lyonnaise accompagnée de plusieurs prêtres et pasteurs.

Elle aura lieu à l’Espace Protestant Théodore Monod à Vaulx-en-Velin et permettra pour certains de découvrir ce pôle d’évangélisation récent où l’œcuménisme se vit au quotidien.

Février 2014 ….c’est demain, alors inscrivez-vous dès aujourd’hui à l’aide du bulletin d’inscription. Pour toute précision supplémentaire sur ce week-end, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse suivante : associationlyonnaisefoyersmixtes@orange.fr

Retraite du Comité – 2013

« Les réunions de foyers mixtes sont une très bonne chose… Continuez ! N’hésitez pas à titiller aussi vos pasteurs et vos curés : il y a chez eux une part de fatigue concernant l’œcuménisme, mais la question n’a pas disparu. Demandez-leur : ‘Que faites-vous avec nous ?’ Et là ce sera assez difficile de ne pas vous répondre… »

Ces belles paroles sont de Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. Elles ont été dites au comité de l’AFICH lors de notre belle rencontre avec lui, à l’évêché, le samedi 9 novembre 2013.

Dans une période où l’AFICH traverse une profonde remise en question, se demandant quel est son rôle et comment le remplir, quelle structure conserver et comment continuer à vivre dans un milieu ecclésial qui s’intéresse peu à l’oecuménisme, les mots de l’évêque nous mettent véritablement du baume au coeur.

Il faut dire que l’AFICH fêtait, ce week-end-là, ses 10 ans d’existence. Et qu’en une décennie, elle avait vainement tenté de rencontrer une tête mitrée pour dialoguer. Double cadeau que nous a donc offert Mgr Morerod pour notre anniversaire !

La suite du week-end se déroula à La Pelouse sur Bex, un lieu propice à la prière et au repos, ce qui n’a pas empêché de profondes remises en question au sein même de notre Comité. Nous repartons avec un nouvel élan vers les 10 années suivantes, avec la certitude d’une nécessaire humilité : là où nous pensions essentiel de dépenser beaucoup en communication et en visibilité, il nous semble devoir simplement exister et le faire savoir peu à peu, tout en restant à l’écoute de ce que l’Esprit nous souffle…

Abbé Vincent Lafargue

Trois fois 40 ans, et après ?

Publié dans Bonne Nouvelle, septembre 2013

Dimanche 1er septembre au soir, à la Cathédrale de Lausanne, l’Atelier oecuménique de théologie (AOT) de Genève recevait un label oecuménique suisse à la fin de la grande célébration de la Communauté des Eglises Chrétiennes dans le Canton de Vaud. Depuis 40 ans, cet atelier, animé par des enseignants catholiques et protestants, a formé plus de 1700 personnes ! S’il est au service des communautés chrétiennes, l’AOT veut être aussi au service de celles et ceux qui cherchent à transformer leur errance en itinérance… A quand une formation d’adultes oecuménique dans le Pays de Vaud ? Certains lieux, comme notre Conseil Présence et Solidarité de Lavaux, ont décidé de suivre cette piste, et c’est bien ! Mais ne pourrait-on pas élargir encore?

Il y a 40 ans toujours, au niveau national, les Eglises réformées, catholique-romaine et catholique-chrétienne signaient une reconnaissance mutuelle du baptême. Puisqu’il n’y a qu’un seul baptême (cf Ephésiens 4), plus question de rebaptiser une personne qui changerait de confession. Par le baptême, nécessairement conféré par tel ministre au sein de telle Eglise, le baptisé reçoit une identité d’abord chrétienne ou ecclésiale, et non pas d’abord confessionnelle. Je ne suis donc pas baptisé protestant, mais au sein d’une Eglise protestante. Après la reconnaissance mutuelle du baptême par nos Eglises, beaucoup espéraient qu’une reconnaissance mutuelle de la communion et des ministères suivrait… A quand une permission de communier à la messe, lorsque certains d’entre nous s’y rendent, notamment pour cause de mixité confessionnelle ? Dans les faits, la plupart des prêtres exercent une belle hospitalité eucharistique. Reste hélas ce goût de transgression ou d’exception.

Il y a 40 ans enfin, sur le plan européen, les Eglises réformées et luthériennes signaient la Concorde de Leuenberg, ouvrant officiellement une communion de chaire et d’autel. En clair, il devenait possible de prêcher et de communier les uns chez les autres. C’est ainsi que, dans mon ancienne paroisse réformée de Fribourg, une pasteur luthérienne d’Alsace a pu devenir ma collègue. Pourrait-on imaginer qu’un jour, dans une même paroisse – sinon dans une même Eglise – une pasteur et un prêtre (sans oublier une diacre) pourraient se partager le service de la prédication, des sacrements, de l’accompagnement et du témoignage dans la société ? Dans 400 ans, peut-être… En attendant, 1973 aura donné de très bonnes cuvées oecuméniques !

Pasteur Jean-Baptiste Lipp

Rome si loin, Sion si proche

C’était lors d’un week-end de notre Comité de l’Association des Familles Interconfessionnelles de Suisse à Montana, les 24 et 25 janvier. En plus de nos travaux, nous avions prévu une participation active à la messe samedi soir et au culte dimanche matin. Ce même week-end de clôture de la Semaine de Prière pour l’Unité des chrétiens, le pape Benoît XVI annonce la levée des excommunications des quatre évêques intégristes. Je m’entends encore avoir cette réaction, à froid, dans la sacristie de l’église, avec l’un de mes confrères catholiques : « Seul point positif, à mes yeux, les familles divisées entre intégristes et conciliaires pourront peut-être à nouveau communier ensemble, notamment en Valais.» De mon côté, une demi heure plus tard, je ne pourrai communier lors de ladite messe, où j’ai prononcé l’homélie. Ma femme ira seule… Qu’on se le dise : il est plus difficile et douloureux de gérer un schisme après 500 ans qu’après 20 ans, quel qu’il soit ! Le temps casse, le temps passe, puis le temps lasse…

Il y a vingt ans, c’est un prêtre de ma belle-famille qui – alors vicaire épiscopal à l’évêché de Sion – a reçu un certain Joseph Ratzinger, porteur de la bulle d’excommunication de Mgr Lefebvre, avec la mission de la lui remettre. Notre cousin prêtre est mort. Ratzinger est devenu pape. Peut-on lui reprocher de vouloir renouer de son vivant ? Pastoralement, certainement pas. Politiquement, juste après les déclarations catastrophiques de Mgr Williamson, certainement. Théologiquement, une question demeure : comment renouer avec des gens qui persistent à refuser les ouvertures de Vatican II en matière d’œcuménisme et de liberté religieuse ? On promet, à Rome, que le Concile est non négociable… Reste aux protestants à savoir qu’ils ne sont pas les seuls à pouvoir éprouver de la colère ! Combien d’évêques, prêtres et fidèles en éprouvent aussi. Que chacun examine si sa colère le poussera, ou non, au lien : dialoguer et dialoguer encore. Et changer ce qu’il peut, chez soi d’abord.

Pasteur Jean-Baptiste Lipp