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Calice au pays des merveilles…

Prédication à deux voix prononcée pour l’Assemblée Générale 2015 de l’AFI-CH

par les deux aumôniers : le pasteur Jean-Baptiste LIPP et l’abbé Vincent LAFARGUE

Textes du 4e dimanche de Carême, année B : 

2Chroniques 36,14-16.19-23 / Psaume 136 / Ephésiens 2,4-10 / Jean 3,14-21

Vous pouvez ECOUTER l’homélie en la lisant : cliquez à gauche du compteur ci-dessous :

  • Bien cher Vincent, j’aimerais à mon tour te remercier pour cette invitation à prêcher la parole de Dieu à deux voix dans cette église – l’une des églises de mon St Patron puisque tu l’as évoqué – ce d’autant qu’avec mon épouse nous avons passé quelques jours, chez toi à la cure, fin décembre, lorsque la neige a bien voulu revenir pour annoncer l’hiver. Se retrouver ici devant cette assemblée me réjouit beaucoup ! Je suis très impressionné, je dois le dire, par le nombre de clochers que votre Curé du Val d’Hérens doit desservir ! 20, si je suis bien réformé, euh informé, je voulais dire !

  • Oui, tu es bien réformé et bien informé ! C’est vrai, j’ai 20 clochers, mais tu sais, ce n’est pas tellement cela l’important. Tu vois ces visages, souriants, croyants, des visages de foi… sans eux ça n’aurait aucun sens. C’est pour eux que je fais cela et que j’ai la joie de le faire. Et puis, bien sûr, quand je parcours les routes du Val d’Hérens comme ce matin avec toi pour revenir d’Hérémence, il y a les montagnes ! Et les montagnes, c’est aussi ma joie, surtout celles d’ici…

  • Ah les montagnes, comme je te comprends ! J’essaie – mais ça va être un petit peu long – d’apprendre les montagnes que l’on voit d’ici. Evidemment la Dent d’Hérens, la Grande Dent, la Petite Dent, Dent de Péroc, Aiguille de la Tza, j’en passe et des meilleures, vous les connaissez mieux que moi bien sûr !

  • Et la Dent Blanche, évidemment !

  • J’avais oublié l’essentielle ! Elle est la plus belle et on la voyait depuis notre fenêtre ce matin ! Ces montagnes… je les trouve imposantes, où que j’aille, en Valais ou ailleurs, et je ne peux pas, lorsque je les regarde, ne pas penser à ce Psaume dit « des montées » justement, un psaume de pèlerinage : « quand je lève les yeux vers les montagnes, d’où me viendra le secours… » (Psaume 120 ou 121). C’est vrai, ici ou ailleurs, je sens que les sommets symbolisent tout à la fois une beauté, une chance mais aussi une menace.

  • Oui, tu sens bien le contexte de vie de nos villages. La montagne peut être une menace, elle nous le rappelle parfois, elle nous a pris des êtres chers. La montagne est aussi une chance, elle nous donne bien de ses trésors. La nature ici garde tous ses droits, comme dans le Psaume. Et il y a un vrai paradoxe pour les gens qui vivent entourés de montagnes : en levant les yeux, on peut être saisi par la peur, suivant quand, et aussi être saisi par l’admiration, l’élan vers les hauteurs. C’est peut-être ça qu’on appelle la crainte. Dans la Bible, la crainte ce n’est pas la peur, c’est le respect. Et c’est peut-être cette crainte biblique que l’on ressent face aux montagnes, ici comme ailleurs.

  • Tu relies bien cette crainte biblique et certainement humaine ici, qui mêle à la fois l’admiration et la peur. L’un n’empêche pas l’autre, en effet. Je vais te dire que chez moi, c’est un petit peu la même chose… mais avec le Lac. Le Léman m’attire et me repousse à la fois. D’ailleurs, dans bien des récits d’Evangile, les plus grosses peurs des disciples de Jésus se passent sur un bateau, justement, lorsque les eaux sont déchaînées… Et quand je suis moi-même sur l’eau, par exemple avec le petit bateau de mon père, et qu’il y a un jour de gros temps et que les feux se mettent à tourner, je prie avec les mots du Psalmiste « Je lève les yeux vers les montagnes – puisqu’il y en a aussi au-dessus du Léman – d’où me viendra le secours ».

  • Tu vois, ça m’est arrivé aussi il n’y a pas très longtemps. Un matin de grosse neige, en revenant d’Hérémence pour célébrer la messe ici, alors que sur la petite route de la Traverchyre ma voiture chassait de l’arrière dans les virages… J’ai levé les yeux vers le ciel en demandant au Seigneur de me protéger, et de me faire un petit signe. Et au moment où j’ai levé les yeux, j’ai vu un hélicoptère d’Air-Glaciers qui faisait le même chemin que moi et qui allait peut-être sauver des gens en montagne. C’était peut-être pas un signe, mais c’était peut-être quand même un clin-Dieu…

  • Je crois aussi que ça devait être un clin d’oeil-clin Dieu, et j’aime bien ton exemple ! Mais je réalise aussi que si toi ou d’autres lèvent les yeux pour en recevoir le salut, qu’on peut aussi lever les yeux vers le haut et se laisser malheureusement abattre. Je pense maintenant à ces pauvres exilés de Jérusalem au bord des fleuves de Babylone et dont on a prié un si intense Psaume. Ils restent assis, ils sont tout éplorés, ils ne parviennent même pas à lever les yeux vers les branches des saules auxquelles ils ont suspendu leurs harpes. Quelle tristesse que celle de ces yeux rivés vers le bas et de ces destins tirés vers en bas !

  • Oui, le Psaume d’aujourd’hui le disait très très bien. Quelle tristesse et quelle colère, même. Et ça nous arrive à chacune, chacun d’entre nous de baisser les yeux et d’être triste ou en colère. Alors il nous semble que rien ne peut nous relever. D’ailleurs la colère finale de ce Psaume le dit très bien. Ces exilés-là – et ça nous arrive – sont dans une dynamique de mort, parfois. Ça me fait penser à notre deuxième lecture, tu sais, ce passage de la lettre aux Ephésiens, où les étrangers aux promesses d’Israël étaient eux aussi comme morts, soumis à d’autres puissances… Ils n’avaient plus confiance, il n’y avait plus de force qui puisse leur venir de l’intérieur !

  • Bien vu, mon confrère curé ! C’est exactement cela qui est décrit dans votre seconde lecture pour ce dimanche. Des hommes et des femmes à bout de batterie. Je dirais même, sans ressort aucun qui permette de se relever. Des morts vivants, quoi. Mais voilà qu’ils sont relevés par la mort victorieuse du Christ, incapables qu’ils étaient de le faire par eux-mêmes ! Ils n’y sont pour rien. C’est cadeau. Un cadeau qu’il suffit, qu’il suffisait ou qu’il suffira, d’accepter…

  • C’est vrai que pour nous relever – peut-être plusieurs d’entre vous en font l’expérience – il suffit parfois d’accueillir la grâce de Dieu, et elle vient gratuitement, elle est cadeau ! Mais il faut la recevoir ! Cela me fait dire que cette lettre aux Ephésiens, tu vois, elle aurait peut-être pu être écrite par Luther ou Calvin, parce qu’il y a cette idée de la grâce gratuite. On n’a rien besoin de faire pour que cette grâce de Dieu nous soit envoyée. Et ça, c’était un peu leur idée. La lettre aux Ephésiens, au fond, c’est une lettre aux effets bien protestants.

  • Vraiment, tu crois ?

  • Oui ! La preuve c’est que les œuvres suivent la grâce. Tu as entendu que ce passage conclut ainsi : « Nous avons été créés en Jésus-Christ pour les œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance, afin que nous nous y engagions. » On dirait presque que tout est préparé d’avance, que toutes nos œuvres sont prédestinées… ça c’est protestant, non ?

  • Je ne vais pas te contredire… Mais tu crois vraiment que cette lettre serait, avec cela, plus protestante que catholique ? Moi pas. Parce que je crois que l’engagement des uns comme des autres, c’est une prière de Dieu à l’homme, de quelque confession qu’il soit. Une prière qui résonne comme ceci : je me suis engagé corps et âme pour vous, je suis descendu pour vous relever, alors comment pouvez-vous ne pas lever les yeux vers moi, comment ne pouvez-vous pas vous engager à votre tour ?

  • Dieu qui nous demande de faire ceci ou de faire cela… tu es très catholique, Jean-Baptiste !

  • Tant mieux ! Et alors, pourquoi pas ? Sur ce point ou d’autres, je me sens assez catholique, « catholique réformé », tant pis… quand il s’agit de dire que Dieu compte sur nous pour continuer pour Lui ce qu’il a commencé en Christ. Et je vais te dire, je serais même assez catholique pour interpréter la passage de l’Évangile selon saint Jean comme un passage des Écritures qui nous invite à la fois à la contemplation et à l’action. Tiens, Jean l’Évangéliste nous invite à faire comme le peuple hébreu autrefois dans le désert. De même que ce peuple devait lever les yeux vers le serpent d’airain au temps de Moïse pour échapper à la mort et aux morsures des serpents, de même, nous devons lever les yeux vers le Christ pour passer ici-bas déjà d’une vie morte à une vie vivante ou échapper aussi à des morsures. Et ça, je vais te dire, et je le dis devant ta paroisse, je trouve que c’est une chose que vous savez quand même faire un peu mieux que nous : d’abord s’arrêter, contempler, adorer, prier les Laudes comme vous l’avez fait ce matin, faire silence quoi, avant de passer à l’action.

  • C’est aussi une caractéristique des montagnards d’ici, tu sais. On s’arrête, on regarde ou on va, avant de partir tête baissée… On regarde le ciel, on prend le temps de confier notre marche à Dieu, et puis on avance. Un temps de prière précède l’action, c’est vrai. D’ailleurs, tu as remarqué en quels termes saint Jean s’adressait à nous : « Celui qui fait la vérité vient à la lumière… »

  • « Qui fait la vérité ! »…

  • Il fait d’abord, et il vient ensuite à la lumière, « pour que ses œuvres soient manifestées… » II s’agit d’une vérité pratique, les deux pieds bien sur terre ! Ce n’est pas une vaste théorie comme on est en train d’en faire nous – d’ailleurs il faudrait qu’on s’arrête gentiment…

  • Oui…

  • Mais, pour terminer Jean-Baptiste, il me semble qu’en ayant dit tout ça, il me semble quand même que toi et moi, et nos deux Eglises, on communie à la même Foi ! C’est le même Christ qu’on adore, c’est le même Dieu !

  • Mais bien sûr… c’est une Foi en ce Dieu qui nous bénit et que nous pouvons bénir à notre tour. Ou comme le dit un autre passage de la même lettre aux Ephésiens : il y a un seul Seigneur, un seul baptême, une seule Foi… C’est un peu comme on le fait à chaque célébration, à chaque Eucharistie, ou à chaque saint Cène… D’ailleurs à ce propos, mon cher Vincent, je t’ai amené – je vous ai amené – une surprise pour cette messe ici… [sort le calice] Je t’ai – je vous ai – amené le plus vieux calice vaudois, qui se trouve précisément dans ma paroisse ou ma commune de Belmont. Il date du début de XIVème siècle. Autrefois utilisé bien sûr pour la messe catholique, il est utilisé depuis le XVIème siècle pour la communion selon le rite protestant. S’il y avait un musée à Belmont comme il y en a un à Evolène, on l’aurait mis au musée, mais il est dans un coffre-fort et je l’en ai fait sortir. Je trouve que ce calice symbolise à la fois une rupture et une continuité. Et aujourd’hui, j’aimerais qu’il nous parle, qu’il nous fasse parler plutôt de continuité et d’unité.

  • C’est donc un calice qui servait à la messe catholique et qui sert aujourd’hui au culte protestant.

  • C’est ça.

  • Eh bien il va servir à l’Eucharistie d’aujourd’hui, tu veux bien ?

  • Oh que je veux !

  • Ce sera ma manière, aussi, de boire à la même coupe que toi, et de te demander PARDON, Jean-Baptiste, pour toutes les fois où notre Eglise catholique a été dure avec nos frères et sœurs protestants, pour toutes les humiliations, les vexations, toutes les erreurs aussi qu’on a commises envers vous. Ce sera ma manière de te demander humblement PARDON.

  • Et comment ne pas penser au nom de mon Eglise et de certains de ses membres ou dirigeants, de te – de vous – demander PARDON aussi pour le nombre de bêtises dites ou redites, ou répétées comme des perroquets, sur les catholiques, ceci-cela, et en les méconnaissant…

    [ils se serrent la main]

  • La miséricorde de Dieu est infinie. Merci Jean-Baptiste !

  • Merci Vincent !

 

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Prédication prononcée le 15 mars 2015 à Hérémence (9.00) puis à Evolène (10.30).

Semaine de  prière pour l’unité 2015

Passer de l’unité des chrétiens à l’unité des Eglises ?

(article publié dans “Bonne Nouvelle” ainsi que dans “Relais”)

ŒCUMENISME – La semaine de l’Unité, programmée du 18 au 25 janvier, est l’occasion, pour Jean- Yves Savoy, de s’interroger sur le dialogue entre Eglises chrétiennes. Membre de la Fraternité de prière œcuménique de Romainmôtier (lire encadré), ce catholique fervent qui a été prêtre à Nyon de 1971 à 1976 nous livre sa réflexion sur l’évolution du dialogue entre confessions chrétiennes. (Réd.)

Et la revoilà, “la semaine de prière pour l’unité des chrétiens”. Comme chaque année, depuis 1937.

Depuis lors presque partout chez nous, du 18 au 25 janvier, les chrétiens de confessions différentes, se mettent ensemble pour prier en se déplaçant les uns chez les autres, les jours de la semaine le matin, le soir, ou le dimanche pour une célébration commune. Cela constitue désormais comme une tradition…

Je me suis demandé pourquoi on parlait de l’unité des chrétiens et non de l’unité des Eglises ? L’une serait-elle plus “facile” que l’autre ? En parlant de l’unité des chrétiens, on met l’accent sur ce qui nous unit déjà : notre appartenance au Christ par le baptême qui nous donne une identité commune. Baptisés en Christ, nous sommes déjà “un”.

Parler de l’unité des Eglises, fait apparaître d’emblée nos différences. Et là, c’est une autre histoire, serais-je tenté de dire.

Depuis des décennies, chrétiens, nous avons fait ensemble déjà un beau chemin. “Chrétiens de la base”, comme on dit, nous n’avons plus trop de problèmes pour prier et célébrer, pour faire ensemble toutes sortes d’activités. Nous nous accommodons d’un vivre ensemble qui nous réjouit. Pourtant nous ne pouvons pas nous en contenter. Nous aimerions bien progresser. Mais nous nous heurtons alors à nos différences confessionnelles. Comme “protestants”, comme “catholiques”, comme “évangéliques” ou “orthodoxes”, nous sommes par moments arrêtés par des différences, voire des divergences sur les plans théologique, éthique et institutionnel. Nous aimerions bien que nos Eglises puissent progresser ensemble, trouver de nouveaux chemins, débloquer et surmonter les obstacles. La tâche n’est pas facile. Il y a même une tendance, devant la difficulté, au repli sur soi, à la réaffirmation des identités confessionnelles. Certes, on ne peut nier ces différences, ni les banaliser. Mais au lieu de nous séparer encore davantage, pourquoi ne pourrions-nous pas les aborder par un partage et une écoute attentive des uns et des autres ? Chacun dans sa tradition, a quelque chose à apporter à l’autre. Cela implique que je me laisse interpeller par l’autre, non pas pour me rigidifier encore plus par peur de perdre quelque chose, mais pour m’ouvrir à son point de vue et chercher ce que pourrait m’apporter cette ouverture.

Le thème de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2015 nous conduit à méditer dans l’Evangile de Jean (chap 4) la rencontre de Jésus avec une femme samaritaine. Jésus harassé de fatigue et de soif, demande à cette femme, “étrangère” à tous points de vue : “Donne-moi à boire !”

Chrétiens, avec notre histoire et nos cultures différentes, pourquoi ne nous demandons-nous pas les uns aux autres : “Donne-moi à boire!”.

Puis-je m’imaginer avoir soif, au point de croire en l’autre et de lui demander à boire de son eau. L’eau, quelle soit de Vaulion, de Romainmôtier, de Vallorbe, d’Orbe, de Ballaigues, de Nyon, Vevey ou Payerne, de Rome, Genève ou Constantinople est chaque fois particulière, mais c’est toujours de l’eau, de la bonne eau.

Cette eau dont nous avons tous besoin, est celle de la source profonde, celle dont Jésus dit :

“Celui qui boit l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif. Cette eau deviendra en lui source jaillissante en vie éternelle”.

Cette semaine de prière n’est donc pas une semaine de plus que l’on ferait “comme d’habitude” chaque année. Elle s’inscrit dans un long cheminement intérieur vers une unité chrétienne qui demande à devenir encore plus visible. Son thème, cette année résonne comme une provocation. Elle constitue aussi une stimulation à reconnaître toujours plus en soi, une soif de la rencontre non seulement celle de chrétiens entre eux, mais aussi celle de nos Eglises.

C’est de l’ordre d’un désir profond que nous sommes appelés à exprimer ensemble aujourd’hui.

Jean-Yves Savoy, Fraternité de Prière œcuménique Romainmôtier

Pour en savoir plus sur l’auteur et sa communauté :

FRATERNITE VIVANTE SUR PLACE

Avec son épouse Ginette, d’origine protestante, Jean-Yves Savoy a rejoint la Fraternité de prière œcuménique il y a une dizaine d’années. Ils y ont retrouvé les quelques personnes qui animaient depuis 1998 les offices quotidiens à l’abbatiale avec le pasteur Paul-Emile Schwitzguébel. La Fraternité avait alors pris le relais d’une expérience œcuménique de 25 ans vécue par deux sœurs proptestantes de Saint-Loup et deux religieuses catholiques. Sur ce magnifique site clunisien, la Fraternité rassemble aujourd’hui une vingtaine de chrétiens, laïcs ou religieux, dont deux sœurs catholiques et deux diaconnesses de Saint-Loup, ainsi que le pasteur qui en est le responsable. Reconnue et « envoyée » par le Conseil synodal de l’EERV et par le Diocèse de l’Eglise catholique en 2006, la Fraternité fêtera l’année prochaine les 10 ans de sa reconnaissance officielle. Elle est dotée d’une charte centrée sur la prière pour l’unité des chrétiens, rédigée dans l’esprit de la Charte œcuménique européenne.

Les  offices ont lieu à l’abbatiale de Romainmôtier du mardi au samedi à 8h30, 12h et 18h30

L’Evangile à L’Ecran – Semaine de l’Unité

EALE2014visages

La jeune et dynamique équipe oecuménique de l’Evangile à l’Ecran propose, du 18 au 25janvier, un billet quotidien sur le thème retenu pour la semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2015 : la Samaritaine (Jean 4).

On peut les suivre ici : www.levangilealecran.com

L’urgence de l’unité

par Marie Larivé

(Etudiante en théologie, membre de léquipe oecuménique de l’Evangile à l’Ecran, son blog “Verso l’Alto” est relayé par le site www.cath.ch)

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À l’heure des vœux et des résolutions, je crois bien qu’il y a une chose qui me tient à cœur pour cette année et que je veux vous souhaiter et pour laquelle je veux œuvrer en particulier: l’unité.

C’est qu’avec cette grande agora que nous offre internet, où chacune de nos opinions peut être librement exprimée, chaque idée commentée, débattue, déformée, il m’apparaît de plus en plus que le péril qu’est la dissension peut sans relâche s’y abreuver, grâce à nous.

Quel intérêt à la dissection du moindre mot du pape pour en traquer ses défenseurs et ses adversaires? Du moindre mouvement de la garde suisse? À quelle échelle nos guerres de chapelles peuvent-elles bien avoir de l’importance? Comment devenir le levain d’un monde dans lequel nous n’oserions nous fondre de peur de perdre une identité tronquée? Ou d’étioler une foi vacillante?

Dans son exhortation de 1988 sur La vocation et la mission des laïcs dans l’Église et dans le monde, Jean-Paul II écrivait: «Dans [la vie des laïcs] il ne peut y avoir deux vies parallèles: d’un côté qu’on nomme “spirituelle” avec ses valeurs et ses exigences, et de l’autre, la vie “séculière”. Le sarment greffé sur la vigne qui est le Christ donne ses fruits en tout secteur de l’activité et de l’existence». (§59)

À travers ce portrait saisissant de la vocation du laïc – qui parlera sûrement à nombre de clercs aussi d’ailleurs –, c’est donc d’abord à moi que je veux poser la question de l’unité. Persuadée que l’unité commence par moi. Quelle chrétienne serai-je pour le monde? Comment est-ce qu’aujourd’hui, dans mes actions les plus banales et les plus universelles, je vais incarner mon «spirituel» au sein de mon «séculier»? En quoi mon commentaire sera celui qui s’engage résolument vers l’unité?

En prenant conscience que nous sommes déjà chacun levain du monde, voilà que nous trouvons de quoi construire l’unité, cette unité qui commence chez moi comme la paix que je véhicule à travers chacun de mes gestes et chacune de mes paroles. Arme imparable contre la barbarie et le fanatisme qui déjà prennent leurs quartiers en ce début d’année, c’est cette unité qui nous force à abandonner les batailles idéologiques, à dialoguer avec confiance et à combattre pour le Royaume de notre prochain.

Délivrés de la tentation communautariste, voilà que nous pourrons embrasser librement et joyeusement le monde qui nous entoure pour témoigner du Christ.

Et puis, au pire, il reste toujours ce sage adage: «Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence alors tais-toi.»

Marie Larivé