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Les diverses tribus de foyers mixtes

(Communication de J.-B.Lipp pour la soirée des animateurs de CPM genevois

le 29 mai 2008 à la chapelle de Cointrin)

Henri Tincq vient de sortir un livre consacré à la planète des catholiques, où il répertorie sept tribus distinctes (traditionalistes, fantassins, charismatiques, silencieux, engagés, observateurs, progressistes, …). Si le catholicisme est une planète, s’il est un, il faut essayer de l’interpréter dans sa diversité. Toute typologie a ses limites, mais elle permet de comprendre un peu mieux de quoi on parle quand on parle d’un groupe.

Ce qui est vrai de la grande planète des catholiques l’est  également de la « nébuleuse protestante » (comme l’appellent quelques bons observateurs catholiques, comme le jésuite Albert Longchamp). Et à plus forte raison de l’espace interstellaire que nous représentons ici : les foyers mixtes ! De quel catholicisme et de quel protestantisme sont les membres d’un couple confessionnellement mixte ? Mais c’est quoi, au fond un foyer mixte ?

Dit autrement, est-ce bien clair, quand on parle de foyer mixte, qu’il s’agit de foyer mixte d’un point de vue confessionnel (catholique-réformé, orthodoxe-réformé, anglican-catholique, catholique-chrétien – luthérien, …) ? Est-ce qu’il n’y a pas, quand on parle de foyer mixte, l’idée que ce peut être un couple isalmo-chrétien ou boudhiste-chrétien ? Qu’est-ce donc aujourd’hui qu’un foyer mixte ? Et au fond, n’est-ce pas un pléonasme de parler d’un foyer mixte ? Car dans tous les couples, il y a une mixité, une mixité qui exprime une altérité propre à tout couple : déjà homme-femme (en principe), culturelle, sociale, générationnelle, etc…

Quand on dit foyer mixte, il n’est plus certain que l’on indique quelque chose de pertinent ! C’est pour cette raison que, depuis 2003 (2ème Rassemblement mondial à Rome), les foyers mixtes francophones se sont mis à parler d’eux-mêmes en termes de familles inter-confessionnelles. Cette nouvelle appellation a étonné votre formateur Jean-Daniel Robert, qui se demandait pourquoi le nom avait changé. Effet  de mode ? Rejet du Père ? Rejet du Père Beaupère, fondateur de la pastorale auprès des foyers mixtes français et suisses et directeur de la revue du même nom ? Non, certainement pas !

La preuve : si un couple adhère à l’AFI-CH, il reçoit d’office la revue FM à laquelle il n’a pas le choix de ne pas cotiser ! Si le nom a changé après le 2ème Rassemblement international à Rome, après 40 ans, c’est pour des raisons de typologie, justement. Pour des raisons de typologie et aussi de réflexion sur notre vocabulaire. Savez-vous comment on dit foyer mixte en latin (langue officielle sur la planète des catholiques)? Matrimonia mixta ! Mais en allemand, on ne dit pas Gemischte Ehe (car ce terme aurait un relent de nazisme). En anglais, on ne dit pas Mixt marriage (car ce serait une réduction sociologique). En allemand, il est question, selon le point de vue, de Konfessionsverschiedene Familien, ou de Konfessionsverbindende Familien. En anglais, Inter-church families.

Et voilà que par le biais des langues étrangères, nous, les foyers mixtes de Lyon ou de Lausanne, de Paris ou de Sion, avons été invités à revisiter notre appellation. Car derrière un nom se cache quelque chose d’une identité ! Quelle identité ? Revenons à la typologie évoquée au départ : sur la planète des catholiques, 7 tribus, dans la nébuleuse protestante, une infinité de sous-groupes (chaque ministère pourrait être un magistère). Alors à plus forte raison un couple entre un ressortissant de l’une des 7 tribus d’Henri Tincq et un ressortissant de la nébuleuse protestante. Mais pour faire bref, il y a quelques modèles assez typés dans l’espace interstellaire toujours plus habité des foyers mixtes :

– les sociologiques

– les sceptiques qui ont un alibi

– ceux qui simplifient en allant d’un côté seulement selon un critère : la mère, la majorité du lieu, la minorité comme défi, le contact avec un ministre (paroissiens de type « chien », le contact avec une paroisse (paroissiens de type « chat »)

– les souples, qui sont prêts à changer selon leurs envies ou les contingences

– les militants, qui ont reçu comme une vocation de vivre sur deux Eglises en signe d’unité

Or pour nous, qui sommes précisément du dernier type, il s’agit bel et bien de passer du statut de foyer mixte à celui de famille interconfessionnelle…

Pasteur Jean-Baptiste Lipp