Archives de catégorie : Presse

Sur la terre comme au ciel

David et Véronia forment un couple mixte magnifique. Ils ont rejoint notre association… mais David a été emporté beaucoup plus vite que nous le pensions. Il poursuit son chemin vers le Dieu de l’Unité, désormais. (Voir notre annonce à l’époque ici : A Dieu cher David)

Depuis, Véronia poursuit l’aventure avec nous, et l’aventure de son couple en tissant un lien vers le ciel. Elle a eu l’occasion de témoigner lors de notre assemblée générale à Evolène au printemps 2015, puis à Lyon à l’automne.

Et un livre est né de cette relation entre le ciel et la terre, un livre splendide qui mérite votre lecture. Laissons Véronia nous en parler :

Terre CielJ’ai promis à David de partager notre trésor avec le plus de monde possible. Pour tenir ma promesse, j’ai mêlé ses pho
tos et mes textes. David ? Mon mari qui a rejoint Notre Père. Notre Trésor? Notre amour, nos talents, notre joie, notre humour, notre foi, notre rencontre, notre gourmandise, nos différences, nos difficultés, nos incompréhensions, notre recherche passionnée de Dieu… Bref, tout ce que Notre Créateur a bien voulu nous donner, et il y a tant et tant de choses qu’il me serait bien difficile de tout nommer.

Merci de m’aider à tenir ma promesse, bonne lecture et bon partage!

Véronia

L’AFI-CH soutient la parution et la diffusion de ce livre que vous pouvez commander au prix de CHF 15.- ici : Formulaire de Commande

Nous vous encourageons vivement à découvrir l’extraordinaire lien que tissent David et Véronia entre ciel et terre…

50e anniversaire

L’agence de presse ZENIT publie ces belles paroles du pape François que nous relayons:

Le cinquantième anniversaire du Groupe mixe de travail entre l’Eglise catholique et le Conseil œcuménique des Eglises est une belle occasion pour « remercier le Dieu Tout puissant des bonnes relations œcuméniques dont nous  jouissons aujourd’hui », déclare le pape François dans un message à l’occasion de cet anniversaire.

Le pape dit sa gratitude pour “tout ce que le mouvement œcuménique a réalisé depuis ses débuts, il y a plus de 100 ans, inspiré du désir d’unité que le Christ nourrit pour son corps, l’Eglise, et du sentiment de souffrance que suscite le scandale de la division entre les chrétiens ».

En 50 ans, ce groupe de travail s’est révélé fondamental « non seulement pour les questions œcuméniques, mais aussi dans le domaine du dialogue interreligieux, de la paix, de la justice sociale, des œuvres de charité et d’aide humanitaire », ajoute le pape. Le pape souhaite que le Groupe devienne de plus en plus un groupe de réflexion ouvert à « toutes les opportunités et défis qui se posent aujourd’hui aux Eglises dans leur mission d’accompagner les souffrances humaines sur le chemin qui conduit au Royaume, en diffusant dans la société et la culture, la Vérité et les valeurs de l’Évangile ».

Le pape François appelle le Groupe à « affronter les réelles préoccupations des Eglises du monde », de manière à pouvoir « proposer des mesures de collaborations » entre les Eglises, mais aussi à garantir que celles-ci «  offrent une diaconie efficace, adaptée aux exigences humaines ».

Malgré les «  nombreux succès œcuméniques » obtenus par le Groupe de travail au fil de ces 50 ans, le pape rappelle que «  la mission et le témoignage chrétien souffrent encore à cause de nos divisions », en particulier sur «  les questions anthropologiques, éthiques et sociales », et sur «  les questions liées à la compréhension de la nature et des conditions de cette unité que nous recherchons ».

« Notre travail doit se poursuivre ! », dit le pape François. Il encourage le Groupe de travail à « promouvoir des discussion sur les questions œcuméniques cruciales » tout en trouvant « des moyens qui permettent aux chrétiens de témoigner ensemble de la réelle – bien qu’imparfaite –  communion entre tous les baptisés ».

« Soyons sûrs que l’Esprit Saint continuera de guider nos pas, souvent sous de nouvelles formes et parfois des formes inattendues. »
Le pape François conclut son message en disant son espérance dans le « don de la pleine unité visible entre tous les chrétiens, afin que l’Eglise soit de plus en plus un signe d’espérance pour le monde et un instrument de réconciliation pour tous les peuples ».

Retournez la Parole !

C’est le titre du livre que vient de publier notre aumônier Jean-Baptiste LIPP, un livre savoureux fait de ses chroniques bibliques publiées dans l’ECHO Magazine pendant de nombreuses années, annotées et mises à jour pour certaines.

A découvrir ! (Bulletin de commande :Jean-Baptiste_Lipp_encart_A5_2015)

Livre JB Lipp

Semaine de  prière pour l’unité 2015

Passer de l’unité des chrétiens à l’unité des Eglises ?

(article publié dans “Bonne Nouvelle” ainsi que dans “Relais”)

ŒCUMENISME – La semaine de l’Unité, programmée du 18 au 25 janvier, est l’occasion, pour Jean- Yves Savoy, de s’interroger sur le dialogue entre Eglises chrétiennes. Membre de la Fraternité de prière œcuménique de Romainmôtier (lire encadré), ce catholique fervent qui a été prêtre à Nyon de 1971 à 1976 nous livre sa réflexion sur l’évolution du dialogue entre confessions chrétiennes. (Réd.)

Et la revoilà, “la semaine de prière pour l’unité des chrétiens”. Comme chaque année, depuis 1937.

Depuis lors presque partout chez nous, du 18 au 25 janvier, les chrétiens de confessions différentes, se mettent ensemble pour prier en se déplaçant les uns chez les autres, les jours de la semaine le matin, le soir, ou le dimanche pour une célébration commune. Cela constitue désormais comme une tradition…

Je me suis demandé pourquoi on parlait de l’unité des chrétiens et non de l’unité des Eglises ? L’une serait-elle plus “facile” que l’autre ? En parlant de l’unité des chrétiens, on met l’accent sur ce qui nous unit déjà : notre appartenance au Christ par le baptême qui nous donne une identité commune. Baptisés en Christ, nous sommes déjà “un”.

Parler de l’unité des Eglises, fait apparaître d’emblée nos différences. Et là, c’est une autre histoire, serais-je tenté de dire.

Depuis des décennies, chrétiens, nous avons fait ensemble déjà un beau chemin. “Chrétiens de la base”, comme on dit, nous n’avons plus trop de problèmes pour prier et célébrer, pour faire ensemble toutes sortes d’activités. Nous nous accommodons d’un vivre ensemble qui nous réjouit. Pourtant nous ne pouvons pas nous en contenter. Nous aimerions bien progresser. Mais nous nous heurtons alors à nos différences confessionnelles. Comme “protestants”, comme “catholiques”, comme “évangéliques” ou “orthodoxes”, nous sommes par moments arrêtés par des différences, voire des divergences sur les plans théologique, éthique et institutionnel. Nous aimerions bien que nos Eglises puissent progresser ensemble, trouver de nouveaux chemins, débloquer et surmonter les obstacles. La tâche n’est pas facile. Il y a même une tendance, devant la difficulté, au repli sur soi, à la réaffirmation des identités confessionnelles. Certes, on ne peut nier ces différences, ni les banaliser. Mais au lieu de nous séparer encore davantage, pourquoi ne pourrions-nous pas les aborder par un partage et une écoute attentive des uns et des autres ? Chacun dans sa tradition, a quelque chose à apporter à l’autre. Cela implique que je me laisse interpeller par l’autre, non pas pour me rigidifier encore plus par peur de perdre quelque chose, mais pour m’ouvrir à son point de vue et chercher ce que pourrait m’apporter cette ouverture.

Le thème de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2015 nous conduit à méditer dans l’Evangile de Jean (chap 4) la rencontre de Jésus avec une femme samaritaine. Jésus harassé de fatigue et de soif, demande à cette femme, “étrangère” à tous points de vue : “Donne-moi à boire !”

Chrétiens, avec notre histoire et nos cultures différentes, pourquoi ne nous demandons-nous pas les uns aux autres : “Donne-moi à boire!”.

Puis-je m’imaginer avoir soif, au point de croire en l’autre et de lui demander à boire de son eau. L’eau, quelle soit de Vaulion, de Romainmôtier, de Vallorbe, d’Orbe, de Ballaigues, de Nyon, Vevey ou Payerne, de Rome, Genève ou Constantinople est chaque fois particulière, mais c’est toujours de l’eau, de la bonne eau.

Cette eau dont nous avons tous besoin, est celle de la source profonde, celle dont Jésus dit :

“Celui qui boit l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif. Cette eau deviendra en lui source jaillissante en vie éternelle”.

Cette semaine de prière n’est donc pas une semaine de plus que l’on ferait “comme d’habitude” chaque année. Elle s’inscrit dans un long cheminement intérieur vers une unité chrétienne qui demande à devenir encore plus visible. Son thème, cette année résonne comme une provocation. Elle constitue aussi une stimulation à reconnaître toujours plus en soi, une soif de la rencontre non seulement celle de chrétiens entre eux, mais aussi celle de nos Eglises.

C’est de l’ordre d’un désir profond que nous sommes appelés à exprimer ensemble aujourd’hui.

Jean-Yves Savoy, Fraternité de Prière œcuménique Romainmôtier

Pour en savoir plus sur l’auteur et sa communauté :

FRATERNITE VIVANTE SUR PLACE

Avec son épouse Ginette, d’origine protestante, Jean-Yves Savoy a rejoint la Fraternité de prière œcuménique il y a une dizaine d’années. Ils y ont retrouvé les quelques personnes qui animaient depuis 1998 les offices quotidiens à l’abbatiale avec le pasteur Paul-Emile Schwitzguébel. La Fraternité avait alors pris le relais d’une expérience œcuménique de 25 ans vécue par deux sœurs proptestantes de Saint-Loup et deux religieuses catholiques. Sur ce magnifique site clunisien, la Fraternité rassemble aujourd’hui une vingtaine de chrétiens, laïcs ou religieux, dont deux sœurs catholiques et deux diaconnesses de Saint-Loup, ainsi que le pasteur qui en est le responsable. Reconnue et « envoyée » par le Conseil synodal de l’EERV et par le Diocèse de l’Eglise catholique en 2006, la Fraternité fêtera l’année prochaine les 10 ans de sa reconnaissance officielle. Elle est dotée d’une charte centrée sur la prière pour l’unité des chrétiens, rédigée dans l’esprit de la Charte œcuménique européenne.

Les  offices ont lieu à l’abbatiale de Romainmôtier du mardi au samedi à 8h30, 12h et 18h30

Aimer l’Eglise en la vivant

Article paru dans la revue “itinéraire”, déc. 2014.

Jean-Baptiste Lipp s’est marié en 1987 avec Dominique Lehner, pianiste de confession catholique, qui lui donnera trois enfants. La même année, il recevait la consécration pastorale à Lausanne et prenait son premier poste à la paroisse réformée de Fribourg … jusqu’en 2004, année du déménagement de la famille à la cure de Belmont-sur-Lausanne. En marge de son ministère paroissial et ecclésial, le pasteur Lipp s’est engagé en divers lieux de dialogue oecuménique. Aumônier protestant de l’AFI-CH (Association des Foyers Interconfessionnels de Suisse), il est également membre du Groupe des Dombes.

Aimer l’Eglise universelle en la vivant

… et oser un mot magique pour lui reconnaître une belle dimension

Je ne peux plus entendre « L’Eglise »

Quand nous disons « l’Eglise », avec un « E » majuscule, ou plus encore « L’Eglise », précédée d’un « L » majuscule, que disons-nous, à y bien réfléchir ? Il est rare, pour être honnête, que nous nommions une entité plus large que notre propre Eglise. Que nous soyons membres d’une Eglise réformée ou de la catholique-romaine, d’une Eglise orthodoxe ou d’une Eglise de type évangélique, nous aurons cette tendance naturelle à envisager l’Eglise dans les limites de notre confession, notre canton ou notre assemblée… Seulement voilà, il n’en est plus ainsi pour moi, depuis longtemps, et de moins en moins ! Combien de fois n’ai-je pas complété, intérieurement, telle déclaration de l’une de nos autorités parlant de « L’Eglise » en me précisant à moi-même : « évangélique réformée du Canton de Vaud » ! Combien de fois n’ai-je pas complété telle information d’un journaliste de la RTS parlant de « L’Eglise » en complétant intérieurement, et parfois même, en l’articulant à voix haute à côté de ma radio : « catholique-romaine » ! Combien de fois n’ai-je pas rétorqué, à telle personne parlant de « L’Eglise », qu’elle parlait juste de son « assemblée évangélique » ! N’est-pas un peu comme lorsque, pour parler de Johann Sebastian Bach, nous disons Bach tout court, alors qu’il y a, chez les Bach, Wilhelm Friedemann, Karl Philipp Emanuel ou Johann Christian, pour ne nommer que quelques-uns de ses fils, compositeurs eux aussi… ?

L’Eglise au pluriel, bien entendu !

On l’aura compris, j’ai de plus en plus de peine à entendre, de la part de celles et ceux qui utilisent le terme « Eglise » sans autre précision, autre chose qu’une confiscation plus ou moins consciente du  vocable par telle confession ou communauté, même s’il ne s’agit, souvent, que d’une omission ou d’une simplification. Mais que s’est-il donc passé dans mon « ecclésiobiographie » pour que j’en arrive à pareille hypersensibilité ? Une première et forte sensibilisation à l’universalité de l’Eglise m’a été transmise lors d’une retraite pour enfants à Crêt-Bérard. Je découvrais, à 14 ans, l’Eglise-Corps du Christ, à la fois une et bigarrée. Merci à Philippe et Anne Bécholey, piliers spirituels de cette retraite, mais aussi, par la suite, à d’autres pasteurs tel Georges Besse, ou professeurs de théologie, tels Claude Bridel et Klauspeter Blaser ! Ma formation m’avait donc prédisposé à une attitude oecuménique ouverte. Mais le grand tournant fut pris lorsque je décidai, avec une jeune femme valaisanne de confession catholique, d’envisager une vie de couple pastoral et pourtant mixte… En effet, sans que je ne lui demande quoi que ce soit – et de toute manière je n’avais, quant à moi, aucune raison ou intention de le lui demander – Dominique me dit ne pas vouloir changer d’Eglise en devenant femme de pasteur. Et d’ajouter tout simplement ceci : « J’aime mon Eglise ! »

Ciel, elle aime son Eglise, et moi, et moi ?

J’ai été positivement marqué par ce « j’aime mon Eglise »  d’une catholique heureuse de l’être et désireuse de le rester! Cette position allait nous mettre au défi de cheminer au sein de l’une et l’autre Eglise, avec cette disparité évidente, mais à corriger dans la mesure de notre possible, d’un couple mixte dont l’un des deux conjoints est engagé professionnellement dans la sienne et pas l’autre. Nous serions d’autant plus attentifs à ne pas perdre tout contact et toute pratique avec l’Eglise de Dominique, que Jean-Baptiste allait s’engager à fond et à vie dans un ministère pastoral réformé… Trois facteurs ont été aidants : 1. la confiance donnée (non sans discussion serrée, il est vrai) par la commission de consécration de l’EERV ; 2. l’occasion qui s’est présentée à nous de commencer et de développer notre vie de couple à Fribourg, dans un contexte à grande majorité catholique, et avec un conseil paroissial réformé très ouvert à l’idée que l’un de ses pasteurs puisse vivre publiquement la mixité confessionnelle de son couple; 3. enfin, la rencontre du mouvement franco-suisse des foyers mixtes, et l’appel de son fondateur, le Père René Beaupère, à intégrer le comité de la revue Foyers Mixtes. Il est clair, avec le recul, que la vigilance du cheminement oecuménique de notre famille a été garantie par le réseau stimulant de quelques couples désireux, comme nous, de « thématiser » leur mixité confessionnelle, entraînant même un peu nos familles d’origine.

Ce n’est pas juste ma vie privée

Deux dépassements sont à signaler dans notre parcours. Tout d’abord, une interprétation ouverte et non restrictive de la notion du pasteur comme « figure emblématique ». En effet, mon parrain de consécration m’avait bien fait comprendre qu’en qualité de représentant d’une communauté réformée, je ne saurais me rendre à la messe, et encore moins y communier, sans engager la paroisse et l’Eglise dont je serais ministre. Retournant l’argument, après l’avoir bien médité, il m’est apparu de plus en plus clairement que je pourrais – et même que je devrais – en tant que pasteur, « emblématiser » un nombre croissant de foyers mixtes…

L’autre dépassement, dans notre petite  « église domestique », a été celui de ne pas nous contenter de la reconnaissance mutuelle du baptême par nos Eglises, lorsque nos trois enfants ont été baptisés (au temple de Fribourg). A quoi bon se réjouir de ce que le sacrement du baptême soit reconnu, si c’est pour en rester à cette étape de l’initiation chrétienne ? Baptisés dans l’Eglise réformée, admis à la sainte Cène, il nous est apparu avec une évidence grandissante que nos enfants, sans pour autant changer de confession, devraient recevoir une préparation à l’Eucharistie, et pourquoi pas, fêter une première communion du côté catholique. Afin d’être à la maison dans l’une et l’autre Eglise. Et surtout d’y vivre, de l’intérieur, la foi et la pratique dans une différence réconciliable. N’y a-t-il pas lieu de promouvoir une sorte de « bilinguisme confessionnel »? On pourrait parler de dépassement, comme on dépasse une règle. Je préférerais, quant à moi, parler d’une poussée…

Je t’aime… moi non plus ?

Deux réflexions m’ont aidé à vivre ces poussées sur un mode réflexif et non impulsif seulement. La première est celle de Paul Dubosson, fidèle du mouvement des foyers mixtes en Romandie. Lors  d’un week-end, ce paysan-professeur résumait on ne peut mieux notre problématique : « Nous nous aimons, mais nous appartenons à des Eglises qui ne s’aiment pas ! » Développons. Monsieur aime Madame, et Madame aime Monsieur (base requise pour une fidélité conjugale). Monsieur aime son Eglise et Madame aime son Eglise (base requise pour une fidélité ecclésiale). Monsieur en vient à aimer aussi l’Eglise de Madame et Madame l’Eglise de Monsieur (mise en commun des fidélités ecclésiales). Restent les question de savoir 1. si l’Eglise de Monsieur et celle de Madame s’aiment vraiment et 2. si elles comprennent l’amour partagé de Monsieur et de Madame pour leurs deux Eglises comme un avantage ou une menace… En attendant, certains couples mixtes, comme le nôtre, ont appris à aimer l’Eglise universelle au travers de celle de leur conjoint !

Cette catholicité qui nous relie

L’autre réflexion qui m’a guidé dans une pleine conscience de notre commune catholicité est celle, apportée par le professeur Gottfried Hammann, lors d’une conférence donnée à Fribourg, alors que je débutais dans le ministère. « Nous devrions tous nous considérer comme catholiques », affirmait déjà celui que, 20 ans plus tard, je côtoierais au Groupe des Dombes. Et l’historien de préciser alors, que si certains sont catholiques-romains ou catholiques-chrétiens, il nous faudrait accepter de nous présenter comme catholiques-réformés, catholiques-luthériens, catholiques-anglicans, catholiques-orthodoxes, catholiques-évangéliques ou autres encore.  En d’autres termes, la catholicité serait une qualité bien trop importante pour la laisser aux seuls romains…  Serions-nous donc prêts à intégrer ce mot « magique » pour intégrer une dimension qui devrait être tout sauf confessionnelle ou confessionnaliste ? Si j’en crois le tout récent petit livret publié par la FEPS à l’occasion des 500 ans de la Réforme, oui ! En effet, parmi les « 40 thèmes pour cheminer », le quatrième est carrément libellé de la manière qui suit (lire encadré). Encourageant, non ?

Encadré

L’Eglise protestante est-elle aussi catholique ? Les protestants se définissent souvent pas opposition au catholicisme, mais cette manière « d’exister contre » n’est plus pertinente. Et le protestantisme s’est construit sur le modèle national, mais la mondialisation est une réalité. Et d’ailleurs, si « catholique » signifie à la fois « continuité de la foi que toutes les ruptures n’ont pas détruite » et englobement de tous les peuples, comment notre Eglise peut-elle être témoin avec d’autres Eglises de la dimension universelle de l’Evangile ? Par rapport à la catholicité de notre Eglise, que voulons-nous affirmer aujourd’hui ? (Quelques références bibliques pour réfléchir : Esaïe 56, 1-7 ; Luc 10, 1-11 ; Ephésiens 2, 11-22). Lire aussi www.ref-500.ch

Trois fois 40 ans, et après ?

Publié dans Bonne Nouvelle, septembre 2013

Dimanche 1er septembre au soir, à la Cathédrale de Lausanne, l’Atelier oecuménique de théologie (AOT) de Genève recevait un label oecuménique suisse à la fin de la grande célébration de la Communauté des Eglises Chrétiennes dans le Canton de Vaud. Depuis 40 ans, cet atelier, animé par des enseignants catholiques et protestants, a formé plus de 1700 personnes ! S’il est au service des communautés chrétiennes, l’AOT veut être aussi au service de celles et ceux qui cherchent à transformer leur errance en itinérance… A quand une formation d’adultes oecuménique dans le Pays de Vaud ? Certains lieux, comme notre Conseil Présence et Solidarité de Lavaux, ont décidé de suivre cette piste, et c’est bien ! Mais ne pourrait-on pas élargir encore?

Il y a 40 ans toujours, au niveau national, les Eglises réformées, catholique-romaine et catholique-chrétienne signaient une reconnaissance mutuelle du baptême. Puisqu’il n’y a qu’un seul baptême (cf Ephésiens 4), plus question de rebaptiser une personne qui changerait de confession. Par le baptême, nécessairement conféré par tel ministre au sein de telle Eglise, le baptisé reçoit une identité d’abord chrétienne ou ecclésiale, et non pas d’abord confessionnelle. Je ne suis donc pas baptisé protestant, mais au sein d’une Eglise protestante. Après la reconnaissance mutuelle du baptême par nos Eglises, beaucoup espéraient qu’une reconnaissance mutuelle de la communion et des ministères suivrait… A quand une permission de communier à la messe, lorsque certains d’entre nous s’y rendent, notamment pour cause de mixité confessionnelle ? Dans les faits, la plupart des prêtres exercent une belle hospitalité eucharistique. Reste hélas ce goût de transgression ou d’exception.

Il y a 40 ans enfin, sur le plan européen, les Eglises réformées et luthériennes signaient la Concorde de Leuenberg, ouvrant officiellement une communion de chaire et d’autel. En clair, il devenait possible de prêcher et de communier les uns chez les autres. C’est ainsi que, dans mon ancienne paroisse réformée de Fribourg, une pasteur luthérienne d’Alsace a pu devenir ma collègue. Pourrait-on imaginer qu’un jour, dans une même paroisse – sinon dans une même Eglise – une pasteur et un prêtre (sans oublier une diacre) pourraient se partager le service de la prédication, des sacrements, de l’accompagnement et du témoignage dans la société ? Dans 400 ans, peut-être… En attendant, 1973 aura donné de très bonnes cuvées oecuméniques !

Pasteur Jean-Baptiste Lipp